Date: 12 mars 2025 - 13h00 à 14h30
Lieu: FSS 4006, 120 Université Privé, Université d\'Ottawa
Présenté par le CÉPI et le Réseau en études de sécurité
« Les bonnes données sont dignes de confiance, tout d’abord. Elles sont claires et… Ce sont des données que je peux, oui, la fiabilité, c’est la chose la plus importante pour les données, je pense. » C’est ainsi qu’un chargé de dossiers travaillant dans un centre national de coopération policière internationale d’un pays européen a défini, lors d’un entretien, l’exigence la plus importante pour les informations stockées dans le système d’information Schengen (SIS). Le SIS est la base de données de sécurité internationale la plus ancienne et la plus importante d’Europe. Il regroupe et redistribue plus de 90 millions d’enregistrements provenant de 29 pays, utiles pour l’application de la loi, le contrôle des frontières et l’asile, ainsi que pour la coopération judiciaire.
Ce projet étudie de manière empirique la question de savoir comment les experts opérationnels et techniques établissent la confiance dans l’infrastructure de connaissances numériques à plusieurs niveaux du SIS. S’appuyant sur un cadre méthodologique qualitatif, il développe la notion de « curation de données » en tant que concept clé dans des contextes de sécurité internationale de plus en plus axés sur les données et médiatisés par des algorithmes. S’appuyant sur les récentes problématisations du travail de soins dans les environnements numériques, l’analyse retrace la façon dont les professionnels de la sécurité au niveau national et européen conservent les données du SIS de différentes manières.
Comprendre les fonctions de connaissance quotidienne des systèmes d’information multi-niveaux à travers les notions de confiance et d’attention a des implications majeures pour l’étude de la politique internationale. Alors que les systèmes de collecte de données régionales et mondiales constituent l’épine dorsale de l’élaboration de politiques et d’interventions fondées sur des données probantes, le travail des experts en back-office responsables de la qualité et de la gouvernance des données a été largement passé sous silence. Pourtant, comme le montre ce projet, ils accomplissent des tâches essentielles qui sous-tendent la manière dont les acteurs étatiques et privés perçoivent le monde et agissent sur lui.
Conférencier :
Matthias Leese est professeur assistant en technologie et gouvernance au département des sciences humaines, sociales et politiques de l’ETH Zurich. Ses recherches portent sur les effets des technologies numériques sur l’ordre social. Il accorde une attention particulière aux organisations de sécurité et à leurs logiques et pratiques qui sont co-constituées entre le technologique et le social. Il a publié de nombreux articles dans des revues de premier plan dans les domaines des relations internationales, des études sur la science et la technologie et de la criminologie. Avec Simon Egbert, il est co-auteur de « Criminal Futures : Predictive Policing and Everyday Police Work ». En 2021, il a reçu une bourse de démarrage de l’ERC pour l’étude de la qualité des données dans la coopération européenne en matière d’application de la loi et de contrôle des frontières (CURATE). Son projet de livre actuel étudie les questions de confiance dans les données et les pratiques de conservation connexes dans le système d’information Schengen.
Président :
Philippe Frowd est professeur associé à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
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