En mars 2014, le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, Anders Fogh Rasmussen, a nommé dix experts politiques indépendants au sein d’un groupe et leur a demandé de donner leur avis sur l’avenir du lien transatlantique. Le panel comprenait un Canadien : Roland Paris, directeur du CIPS.

Le 10 juin, le groupe a présenté son rapport au secrétaire général Rasmussen lors de la conférence sur le renforcement du lien transatlantique à Bruxelles.

Défense collective et sécurité commune :

Les deux piliers de l’Alliance atlantique

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Résumé

  • La sécurité transatlantique ne peut être considérée comme acquise. Après son retrait d’Afghanistan, l’OTAN doit réaffirmer sa valeur autour du double objectif de la défense collective et de la sécurité commune.

Pilier I : Maintien de la paix et de la stabilité en Europe

  • L’engagement pris au titre de l’article V de l’OTAN de traiter une attaque contre l’un comme une attaque contre tous doit être crédible, et les membres de l’OTAN doivent prendre ensemble des mesures concrètes pour qu’il en soit ainsi. Tallinn doit être aussi sûr que Toronto.
  • Il ne peut y avoir de retour à un « partenariat stratégique » entre l’OTAN et la Russie tant que les actions de la Russie menacent la sécurité européenne.
  • Les gouvernements européens ont la responsabilité particulière d’assurer leur propre sécurité territoriale. Ils doivent investir dans la R&D, l’équipement et les capacités de déploiement nécessaires. Aucune défense « intelligente » ne compensera l’incapacité à inverser la tendance à la baisse des dépenses de défense.
  • L’OTAN doit développer des réponses efficaces aux formes « non linéaires » d’agression observées lors de la crise en Ukraine. Mais l’UE devrait prendre l’initiative d’aider ses membres et ses voisins à mettre en place des pratiques de bonne gouvernance qui réduiront leur vulnérabilité à la déstabilisation extérieure.
  • Les pays européens devraient réduire leur dépendance à l’égard de l’énergie russe. La principale force de la Russie ne doit plus être la principale vulnérabilité de l’Europe.
  • La porte de l’OTAN doit rester ouverte à toutes les démocraties européennes qui partagent les valeurs de l’Alliance. Toutefois, les membres actuels doivent être prêts, désireux et capables de leur accorder tous les avantages de l’adhésion à l’Alliance, y compris ceux prévus à l’article V.

Pilier II : Faire face à l’insécurité internationale

  • L’OTAN ne doit pas se replier sur elle-même après 2014. Une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est confrontée à une décennie de troubles qui constitueront des menaces directes pour les membres de l’OTAN.
  • En Asie, les différends territoriaux non résolus et les animosités historiques entraînent une augmentation spectaculaire des dépenses de défense. Il ne faut pas oublier que l’océan Pacifique constitue le flanc occidental de l’OTAN.
  • Dans ce contexte, il ne faut pas laisser aux États-Unis et à une poignée d’autres pays le soin de déployer leur puissance au-delà des frontières de l’OTAN. Une dépendance excessive à l’égard de la projection de puissance américaine érodera les fondements du lien transatlantique au fil du temps.
  • L’OTAN et l’UE doivent également coopérer étroitement pour fournir leur gamme complète de capacités de gestion des crises internationales, allant de l’accès au marché et de l’aide au développement à l’intervention militaire et au soutien civil après un conflit.
  • L’achèvement du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) et de l’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne (AECG) renforcera la communauté transatlantique sur le plan stratégique et économique.
  • L’OTAN doit différencier son approche de la collaboration avec ses partenaires internationaux. Elle devrait notamment développer des accords de coopération à long terme avec le petit nombre de pays d’Europe et d’ailleurs qui ont contribué activement à la sécurité internationale aux côtés de l’OTAN ces dernières années.
  • Le Conseil OTAN-Russie devrait continuer à fonctionner au niveau des ambassadeurs et à un niveau plus élevé. Cela aidera les deux parties à coordonner les réponses aux crises internationales et, éventuellement, à rétablir la confiance dans la sécurité européenne.
  • Les opinions publiques de l’OTAN sont de plus en plus sceptiques quant à l’utilité de toute forme d’intervention extérieure. Les dirigeants politiques doivent mieux faire comprendre la détérioration de la situation sécuritaire en Europe, l’importance de la sécurité internationale pour le bien-être et la prospérité de leurs pays et la nécessité de protéger les valeurs fondamentales qui sous-tendent l’Alliance, en particulier la gouvernance démocratique, l’ouverture des économies et l’État de droit.

Auteurs du rapport

  • Martin Butora, président honoraire de l’Institute of Public Affairs, Bratislava
  • lvo Daalder, président du Chicago Council on Global Affairs, Chicago, et ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN
  • Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, Paris
  • Robin Niblett, directeur de Chatham House, Londres
  • Ana Palacio, ancienne ministre des affaires étrangères de l’Espagne et membre du Consejo de Estado de l’Espagne
  • Roland Paris, directeur du Centre d’études de politique internationale, Université d’Ottawa
  • Volker Perthes, directeur de la Stiftung Wissenschaft und Politik, Berlin
  • Nathalie Tocci, directrice adjointe, lstituto Affari lnternazionali, Rome
  • Sinan Ulgen, directeur du Center for Economics and Foreign Policy Studies, Istanbul
  • Marcin Zaborowski, directeur du Polish Institute for International Affairs, Varsovie

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