Responsables du projet
- Jacqueline Best, Professeure agrégée, École d’études politiques
 - Alexandra Gheciu, Professeure agrégée, École supérieure d’affaires publiques et internationales
 
Peu importe où nous regardons, le public semble jouer un rôle de plus en plus important dans nos vies. Ceci est particulièrement frappant considérant que, après quelques décennies de gouvernance néolibérale prônant les vertus de la sphère publique (particulièrement le marché), plusieurs experts croyaient que le public – principalement l’État – avait irrévocablement perdu sa place privilégiée dans le monde. Prenons, par exemple, les récentes interventions de l’État en réponse à une crise largement perçue comme résultant du comportement irresponsable d’acteurs privés (principalement les institutions financières). Pensons aussi aux façons dont les flux transnationaux de biens, de personnes et de services ont été assujettis à des niveaux sans précédent de surveillance par les autorités publiques – il suffit de mentionner les nouveaux dispositifs de sécurité dans les aéroports – dans un contexte où les États et les organisations intergouvernementales craignent l’éventualité que ces flux puissent faciliter l’action d’organisations terroristes et criminelles. Enfin, rappelons-nous de la multitude de d’efforts par les gouvernements, l’ONU et l’Union européenne dédiés à la création d’un système de gouvernance environnementale qui aurait la possibilité, entre autres choses, de changer la façon dont les corporations privées se comportent.
En se basant sur ces exemples, et sur bien d’autres, il serait tentant que conclure qu’après quelques décennies de gouvernance néo-libérale, le public est de retour pour prendre sa revanche. Mais l’est-il vraiment? Oui et non. Ce projet propose que le public est de retour, mais pas tel qu’on l’a connu.
Bien que la relation public/privé dans le contexte de la gouvernance mondiale a déjà été l’objet de maintes discussions chez les experts en relations internationales, l’attention a jusqu’à présent été portée sur le rôle grandissant de la gouvernance, de l’autorité et des acteurs privés. Ce projet porte plutôt sur l’autre côté de l’équation : la transformation de la dimension publique de la gouvernance à l’ère de la mondialisation. Dans notre analyse de cette transformation, nous faisons deux suppositions : premièrement, que le public commence à jouer un rôle plus significatif dans la gouvernance mondiale, mais, deuxièmement, que ce rôle prend une forme différente de sa forme traditionnelle telle que définie par la théorique. Nous suggérons que si nous ne transcendions la compréhension qui prévaut actuellement à propos du public, nous ne pourrions pas comprendre les dynamiques et les conséquences de son retour apparent. Plutôt qu’une sphère ou un domaine, nous arguons que le public doit être conceptualisé comme une collection de pratiques sociales spécifique à chaque culture.
Nous suggérons que la présente reconstitution de la dimension publique de la gouvernance peut être vue comme un point de rupture – partiellement en réponse aux limites des idées et pratiques néolibérales qui dominaient dans le public au cours des dernières années. Les contributeurs à ce projet apportent différentes réponses à la question « qu’est-ce qui a changé ? », mais s’accordent sur le fait que les récentes transformations – par exemple, la crise financière mondiale, les changements dans le domaine de la sécurité après le 11 septembre, et les changements climatiques – ont mis au défi les frontières assumées des sphères publique et privée, non pas par un retour de l’autorité privée, non plus à travers un retour de l’État, mais plutôt à travers le développement de pratiques publiques plus fluides et contestées.
Contributeurs
- Jacqueline Best, Université d’Ottawa (coéditrice)
 - Alexandra Gheciu, Université d’Ottawa (coéditrice)
 - Rita Abrahamsen, Université d’Ottawa
 - Deborah Avant, Université de Denver
 - Steven Bernstein, Université de Toronto
 - Virgina Haufler, Université du Maryland
 - Eric Helleiner, Université de Waterloo
 - Anna Leander, Copenhagen Business School
 - Matthew Paterson, Université d’Ottawa
 - Tony Porter, Université McMaster
 - Michael C. Williams, Université d’Ottawa
 
					 		