Politique étrangère canadienne à la dérive? Moments marquants de l’automne sur le Blogue du CÉPI

Plusieurs des thématiques abordées dans le Blogue du CÉPI ce semestre concernaient la politique étrangère du gouvernement Harper au Moyen-Orient et à l’ONU, et sa vision plus générale de la place du Canada dans le concert des nations. La session a débuté avec une critique par l’associé de recherche en visite au CÉPI, John Mundy,

Plusieurs des thématiques abordées dans le Blogue du CÉPI ce semestre concernaient la politique étrangère du gouvernement Harper au Moyen-Orient et à l’ONU, et sa vision plus générale de la place du Canada dans le concert des nations.

La session a débuté avec une critique par l’associé de recherche en visite au CÉPI, John Mundy, de la décision du gouvernement Harper de suspendre les relations diplomatiques avec l’Iran. Mettant de côté l’hypothèse d’un risque imminent pour les Canadiens, écrivait-il, la décision engage des coûts injustifiés pour la connaissance acquise au niveau diplomatique et entrave les possibilités d’action. Quelque temps après, Mundy a poursuivi sa critique en abordant les conséquences du retrait du Canada sur le personnel iranien employé localement, et les coûts horribles comparativement aux bénéfices incertains d’une guerre potentielle avec l’Iran.

L’automne a débuté sur une meilleure note pour le ministre des Affaires étrangères John Baird qui a été félicité par David Petrasek pour un discours qui marquait un virage par rapport à des tendances déplorables dans la rhétorique de sa politique étrangère. Si Baird donnait suite à ses propositions de travailler de façon multilatérale pour appuyer le changement au niveau local, d’adopter une approche plus holistique face aux droits de la personne, et de délier la défense des droits de la personne à l’étranger de la politique interne, suggérait Petrasek, la politique étrangère canadienne serait sur une bien meilleure voie. (Cela étant dit, Dan Livermore était quant à lui plus critique face à l’écart entre le message du discours et l’état de l’influence diplomatique du Canada.)

L’appréciation du CÉPI quant à la vision du gouvernement en matière de politique étrangère s’est toutefois détériorée avec le discours livré par Baird à l’ONU en octobre, dénoncé par Justin Massie comme ayant peu à voir avec la réalité des Nations unies (ou des conflits mondiaux) et tout à voir avec l’objectif de satisfaire l’auditoire conservateur au Canada. Dans le même ordre d’idées, Dan Livermore a argumenté que le discours de Baird non seulement relevait d’une analyse faussée des faiblesses de l’ONU en tant qu’institution, mais, plus grave encore, écartait également le Canada de tout éventuel effort collectif visant à rendre l’ONU plus efficace.

La critique s’est poursuivie avec la réprobation par David Petrasek du fait que le vote du Canada contre l’accession de la Palestine au statut d’État observateur à l’ONU ne représente point une politique basée sur les principes (comme le réclame le gouvernement), mais plutôt un évident parti pris. Et plus discrètement, au niveau domestique, Roland Paris a remarqué que bien que le document secret sur la politique étrangère ayant fait l’objet d’une fuite contenait peu d’éléments nouveaux ou surprenants, il serait préférable que le voile soit levé et que les orientations de politiques du Canada soient expliquées au public.

Sur d’autres fronts de la politique étrangère les bloggeurs du CÉPI ont également appelé à des changements urgents dans les approches du gouvernement. Stephen Brown avait peu d’espoir que Julian Fantino, le successeur de Bev Oda à l’ACDI, remette l’accent sur la mission première de l’ACDI qu’est la lutte contre la pauvreté. La conférencière invitée Elizabeth Shakman Hurd a argumenté contre le mandat du Bureau de la liberté de religion, qui n’est d’ailleurs toujours pas mis sur pied. Philippe Lagassé, de son côté, a noté que les problèmes du gouvernement en matière d’approvisionnement militaire, amplement mis en lumière par la débâcle des F-35, s’ancrent en fait beaucoup plus profondément dans les systèmes du MDN.

Demeurez à l’affut du Blogue du CÉPI pour plus de critique constructive de la politique étrangère canadienne et d’analyse probante d’autres enjeux internationaux le semestre prochain.

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Le blogue du CÉPI est écrit par des spécialistes en la matière.

Les blogs CIPS sont protégés par la licence Creative Commons: Attribution – Pas de Modification 4.0 International (CC BY-ND 4.0).


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Plusieurs des thématiques abordées dans le Blogue du CÉPI ce semestre concernaient la politique étrangère du gouvernement Harper au Moyen-Orient et à l’ONU, et sa vision plus générale de la place du Canada dans le concert des nations.

La session a débuté avec une critique par l’associé de recherche en visite au CÉPI, John Mundy, de la décision du gouvernement Harper de suspendre les relations diplomatiques avec l’Iran. Mettant de côté l’hypothèse d’un risque imminent pour les Canadiens, écrivait-il, la décision engage des coûts injustifiés pour la connaissance acquise au niveau diplomatique et entrave les possibilités d’action. Quelque temps après, Mundy a poursuivi sa critique en abordant les conséquences du retrait du Canada sur le personnel iranien employé localement, et les coûts horribles comparativement aux bénéfices incertains d’une guerre potentielle avec l’Iran.

L’automne a débuté sur une meilleure note pour le ministre des Affaires étrangères John Baird qui a été félicité par David Petrasek pour un discours qui marquait un virage par rapport à des tendances déplorables dans la rhétorique de sa politique étrangère. Si Baird donnait suite à ses propositions de travailler de façon multilatérale pour appuyer le changement au niveau local, d’adopter une approche plus holistique face aux droits de la personne, et de délier la défense des droits de la personne à l’étranger de la politique interne, suggérait Petrasek, la politique étrangère canadienne serait sur une bien meilleure voie. (Cela étant dit, Dan Livermore était quant à lui plus critique face à l’écart entre le message du discours et l’état de l’influence diplomatique du Canada.)

L’appréciation du CÉPI quant à la vision du gouvernement en matière de politique étrangère s’est toutefois détériorée avec le discours livré par Baird à l’ONU en octobre, dénoncé par Justin Massie comme ayant peu à voir avec la réalité des Nations unies (ou des conflits mondiaux) et tout à voir avec l’objectif de satisfaire l’auditoire conservateur au Canada. Dans le même ordre d’idées, Dan Livermore a argumenté que le discours de Baird non seulement relevait d’une analyse faussée des faiblesses de l’ONU en tant qu’institution, mais, plus grave encore, écartait également le Canada de tout éventuel effort collectif visant à rendre l’ONU plus efficace.

La critique s’est poursuivie avec la réprobation par David Petrasek du fait que le vote du Canada contre l’accession de la Palestine au statut d’État observateur à l’ONU ne représente point une politique basée sur les principes (comme le réclame le gouvernement), mais plutôt un évident parti pris. Et plus discrètement, au niveau domestique, Roland Paris a remarqué que bien que le document secret sur la politique étrangère ayant fait l’objet d’une fuite contenait peu d’éléments nouveaux ou surprenants, il serait préférable que le voile soit levé et que les orientations de politiques du Canada soient expliquées au public.

Sur d’autres fronts de la politique étrangère les bloggeurs du CÉPI ont également appelé à des changements urgents dans les approches du gouvernement. Stephen Brown avait peu d’espoir que Julian Fantino, le successeur de Bev Oda à l’ACDI, remette l’accent sur la mission première de l’ACDI qu’est la lutte contre la pauvreté. La conférencière invitée Elizabeth Shakman Hurd a argumenté contre le mandat du Bureau de la liberté de religion, qui n’est d’ailleurs toujours pas mis sur pied. Philippe Lagassé, de son côté, a noté que les problèmes du gouvernement en matière d’approvisionnement militaire, amplement mis en lumière par la débâcle des F-35, s’ancrent en fait beaucoup plus profondément dans les systèmes du MDN.

Demeurez à l’affut du Blogue du CÉPI pour plus de critique constructive de la politique étrangère canadienne et d’analyse probante d’autres enjeux internationaux le semestre prochain.

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